Les archives du château des Bordes ont été déposées aux archives départementales de Loir-et-Cher en 2006 par l'actuel propriétaire du domaine : M. Xavier Bodard de La Jacopière. Formées de documents très divers tant en nature qu'en format, elles sont constituées des papiers des différents propriétaires s'étant succédé aux Bordes, et de leurs familles. Une autre partie des archives s'apparente beaucoup plus à une collection, rassemblant des documents accumulés au gré des hasards et des rencontres, très probablement par les membres de la famille Bodard, dernière propriétaire des lieux. L'ensemble du fonds, coté 113 J, représente environ 7 mètres linéaires d'archives.
Le domaine des Bordes présente des origines très anciennes, comme l'ont prouvé les fouilles réalisées en 1912 par Jean Bodard, grand-père de l'actuel propriétaire. Les fondations d'une villa gallo-romaine y furent alors découvertes. Pour la période féodale, et ceci jusqu'à la Révolution, les Bordes relèvent à foi et hommage du château d'Amboise, le domaine faisant sans doute partie à l'origine des propriétés de Gelduin le Diable, fondateur de l'abbaye de Pontlevoy et issu de la famille d'Amboise.
Au fil des siècles, le domaine a souvent été racheté, passant ainsi de mains en mains. La famille de Boisgauthier l'acquiert notamment en 1554 avant de le revendre en 1647 à Antoine Dubois, dont les héritiers le cèdent à leur tour à Mathieu Pierre de La Ponce en 1763. Celui-ci, secrétaire du duc de Choiseul, achète nombres de terres pour agrandir le domaine, qui atteint 900 hectares en 1791, dont 391 de bois. C'est également à lui que l'on doit la majeure partie du château actuel : à l'aile Louis XIII il ajoute en effet deux autres constructions, formant une cour en U, telle qu'elle existe toujours aujourd'hui.
Le château et ses terres sont à nouveau vendus en 1804, et c'est Henri Armand de Ribeyreys, issu d'une famille originaire de la Creuse, qui s'en porte acquéreur. Sa fille, épouse de Guillaume Théodat de Belot, hérite du domaine en 1842. À la mort de ce dernier en 1878, de nouveaux partages entre ses enfants accordent le château des Bordes à Pauline de Belot et à son mari, Léopold Bodard. Depuis lors, le château est resté dans cette famille en succession directe. Parmi les derniers propriétaires, on citera notamment Jean Bodard qui s'est fait connaître par ses nombreux travaux sur l'histoire locale.
Le fonds déposé aux Archives départementales fournit quantité d'informations précieuses sur cette histoire. Le plan de classement adopté prend le parti de séparer clairement les documents familiaux des pièces plus éparses fruit de collectes diverses. Le fonds commence par quelques éléments relatifs au château lui-même : quelques plans parcellaires du domaine (les grands formats ont été cotés à part en 198 Fi) et un dossier sur la chapelle. On notera toutefois que malheureusement aucun plan du château lui-même n'a été trouvé, pas plus que des éléments sur les travaux qui y ont été réalisés.
Les papiers des propriétaires ont ensuite été classés en respectant l'ordre chronologique des familles qui se sont succédé au château, en y rattachant à chaque fois les documents des familles alliées. Le reliquat des archives anciennes du château a été placé en amorce, avec l'inventaire qui en avait été dressé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (sa date précise ne nous est pas connue) : on pourra constater à cette occasion que de nombreux documents ont malheureusement été perdus et n'existent plus que par leur description dans cet " état ". Pour le reste des documents, et quand cela a été possible, on a distingué au sein des différentes branches familiales chaque membre et les archives qui s'y rapportaient : correspondances, comptabilité personnelle, actes notariés, succession, diplômes…
La dernière partie des archives, mais pas la moins conséquente, regroupe une collection de documents beaucoup plus divers, dont on ignore pour une partie pourquoi et dans quelles circonstances ils ont rejoint le fonds du château des Bordes. On y trouve quelques éléments ayant trait à l'école de Pontlevoy telle qu'elle existait au début du XXe siècle avec des correspondances, travaux d'élèves ou revues de l'époque : il s'agit là très probablement des documents personnels de Jean Bodard, qui en tant qu'ancien élève et habitant de la commune participait de façon étroite à la vie de l'école.
Des documents retrouvés dans le fonds des Bordes, ceux qui viennent ensuite sont probablement les plus étranges quant à leur origine. On comprend mal en effet pourquoi le fonds des feudistes Digonnet et Eyraud, basés au Puy (Haute-Loire) est venu s'agréger aux papiers des propriétaires des Bordes. Le seul lien qui pourrait être observé serait d'ordre géographique : la famille de Ribeyreys étant originaire de la Creuse, on peut éventuellement supposer une relation avec la Haute-Loire, département assez proche. En tout état de cause, cet ensemble de documents est extrêmement riche : terriers, plans, correspondances, assignations… Le tout a été classé par seigneur concerné ou par terroir, en s'efforçant de comprendre à chaque fois comment le document s'inscrivait dans le fonds. Quelques éléments portent également sur les feudistes eux-même : correspondance, titres, comptabilité, règlements ou modèles de travail. L'ensemble a visiblement été constitué dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en pleine réaction féodale : pour autant nombre de pièces sont beaucoup plus anciennes, remontant jusqu'au XVIe siècle (pièces justificatives ou anciens terriers ayant probablement servi de points d'appui aux feudistes).
Enfin, un certain nombre de documents, dans leur immense majorité des actes notariés (baux ou contrats d'acquêt), ont été classés à part, soit par famille (quand un regroupement logique était évident) soit par ordre chronologique : ils concernent pour une bonne partie le Loir-et-Cher. Leur rapport avec les différents propriétaires des Bordes n'a pas pu être déterminé.
Ce fonds dans son ensemble, de par sa diversité, peut être étudié sous de nombreux angles. Évidemment, il peut facilement renseigner l'histoire locale sur le domaine des Bordes, mais aussi de façon plus large sur la commune de Pontlevoy. Plusieurs des propriétaires du château furent en effet maire de la commune. C'est également le fonds d'une famille de la noblesse rurale, si l'on excepte la période Mathieu de La Ponce, qui peut être étudiée comme telle : les éléments de comptabilité renseignent par exemple les modes de consommation de cette population aisée, tout comme les partages et successions donnent une multitude de détails sur l'organisation puis le déclin des rentes foncières. À ce titre, un travail comparatif avec d'autres familles pourrait être mené : plusieurs autres fonds aux Archives départementales le permettraient aisément, parmi lesquels celui de Bizemont (Lambot de Fougères).
Les autres parties du fonds pourront également être utiles aux chercheurs. L'ensemble de documents recueillis sur les feudistes Digonnet et Eyraud semble par exemple très intéressant pour étudier la réaction seigneuriale et féodale ayant cours en cette seconde moitié du XVIIIe siècle. Nombre de documents se font le reflet des tensions et conflits suscités par la réalisation ou la rénovation des terriers. Quant aux actes notariés, incontestablement plus épars et plus délicats à traiter, ils font néanmoins remonter certains aspects historiques, telle cette politique d'acquisition systématique de terres et de vignes menée par la famille Boyer à Saint-Secondin-les-Vignes et Chambon.
Les délais de communication applicables sont les mêmes que pour les archives publiques, comme l'a voulu le déposant pour faciliter la consultation. Monsieur Bodard et ses ayants droit seront informés des titres et qualités des chercheurs consultant le fonds.